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Gino Cappuccino

Gino Cappuccino
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15 août 2009

LE MOT DE LOTEUR

A l'aube de mes 60 balais , je me suis décidé à m'auto - éditer sur Internet .

Ce n'est pas que j'attende un raz - de - marée médiatique .

Je suis de nature bien trop sceptique pour me laisser abuser .

Si j'étais un grand écrivain , çà se saurait et depuis longtemps .

Non , ce que je souhaite , c'est poser là dans un coin de votre séjour ou de votre chambre ,

un écrit mien que vous pourrez ouvrir ou laisser .

Quoiqu'il advienne , nous resterons amis .

Delerm ( père ) prétend que ce n'est qu'à la dixième production qu'on devient un client sérieux .

Je suis encore loin du compte .

A plus !

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15 août 2009

PREMIERE DE COUVERTURE

     JOËL MARASSE

  LA NUIT DE LA SAINT - BENOÎT

     EDITIONS LOTEUR

15 août 2009

SOUS - TITRE

GINOSTALGIE - TOME 1

15 août 2009

DEDICACE

Eso , mon frère ,

Si tu n'existais pas ,

Je t'aurais inventé !

15 août 2009

LA COUVERTURE A LAQUELLE VOUS AVEZ ECHAPPE !

     JOËL MARASSE

UN CRIME PEUT EN CACHER UN AUTRE .

     EDITIONS LOTEUR

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15 août 2009

DEDICACE

A JOSEPH !

15 août 2009

AVIS AUX LECTEURS EN GUISE D'INTRO

Ces deux pages n'ont jamais existé dans la version originale . Je les écris 24 ans après avoir terminé le

premier manuscrit . J'ai " remastérisé " le roman initial en l'aérant et en le zoomant . Il sera ainsi à l'unisson

du deuxième et troisième tomes de la grande fresque pudiquement intitulée " Ginostalgie " . Ce livre est un

péché de jeunesse . Je le pensais unique . Après avoir peaufiné pendant plusieurs années les 30 premières

pages , je me lançais dans une course effrénée pour clore les 150 dernières et y passait 102 journées et

surtout soirées . Vous verrez : la qualité s'en ressent ! L'histoire se voudrait un roman - policier , hormis

l'absence totale d'énigme . Tout est  décrit ! Signalons aussi que ce livre , comme les chansons de Graëme

Allwright et comme les poèmes de Gérard de Nerval , a été créé " sous influence " . Est - ce un bien ? Est -

ce un mal ? Je ne me déterminerai point .

L'alcool donne parfois des ailes mais encore faut - il être assez alcoolisé pour généraliser les écrits de son

compatriote . Une consommation effrénée d'eau claire peut pessimiser la qualité ressentie du labeur

d'écritoire .

Est - ce que tout celà veut dire quelque chose ?

15 août 2009

CHAPITRE 0

Il faisait presque nuit . Les nuages avaient disparu . Sept mégots papier maïs jonchaient le sol . Au - delà ,

dans un renfoncement de portail , une paire de baskets usées battaient la semelle . Gino n'aimait que les

baskets . Cà sent peut - être mauvais mais c'est confortable . Il avait la langue pâteuse et la mèche

humide . On ne peut pas être et avoir été . Depuis que Tania était partie , au petit matin , sans laisser

d'adresse ni de carnet de chèques , le héros des temps modernes s'était quelque peu décrépi . La vie

devenait monotone et la montre stressante . Gino avait failli la casser . Il aurait mieux valu .

22 heures 04 , 17 janvier 1970 , Gino laissa passer sans broncher une D.S. noire . En rase campagne , les

autos se comptent , s'observent , se décortiquent . Celle - ci laissa indifférent l'homme aux baskets .

Et pourtant .....

..... le psychologue viennois qui la conduisait devina immédiatement et sans délai que derrière cette ombre

fatale , cette gueule mal rasée et ce pardessus loqueteux , se cachait un mystère . C'est ce qu'il essaya

d'imaginer beaucoup plus tard , mais trop tard , devant une tasse de camomille qu'il s'était préparé lui - mê-

-me . Passa - t - il près de la vérité ? A vrai dire , je l'ignore .

12 août 2009

CHAPITRE 1

Gino était né en 43 , 27 ans donc à l'époque du portail . Révélatrice d'ailleurs cette manie des encognures !

Trouble cette propension à la simulation ! Peu importe , malgré tout , Gino est et sera toujours né en 1943 .

Voilà la pire ou la meilleure des choses de faite !

De son enfance , seuls quelques clichés remontaient à la surface neigeuse de sa mémoire . Mère sans

profession à la poitrine opulente et à la bonhommie proverbiale . Père charpentier à la démarche feutrée et

au verbe rare . A l'époque , Gino voulait devenir coureur cycliste , et puis le temps avait glissé sur cette

timide ambition .

La pluie , enfin ! Pour réussir son projet , Gino avait besoin d'un climat , d'une ambiance , d'une angoisse .

C'est le coeur délicieusement serré et l'haleine peu fraîche que notre zéro osa enfin révéler sa présence par

un léger déplacement . Personne d'ailleurs ne nota sur aucun carnet intime la mutation de Gino . A force de

recopier sa vie , la moindre variation du muscle le plus anonyme était étudiée , travaillée , cataloguée . Gino

savait qu'en se déplaçant de quelques centimètres seulement , apparaîtraient , à la lumière blafarde de ce

réverbère de banlieue les traits volontairement tragiques et prématurément gommés de son visage

décharné .

" J'ai déjà vu cette gueule quelque part ! " se répétait intérieurement le psychologue viennois . Les premiers

western-spaghetti venaient de sortir . Mai 68 venait de s'enfuir . A force de rechercher toujours plus loin ce

qu'il avait laissé derrière lui , Gino avait choisi , à bout de lassitude , une vie jouée plutôt que vécue . Le

profil , le regard , l'attitude prenaient une importance démoniaque dans l'esprit embué du défroqué .

Gino releva le col de son pardessus . Il commençait à faire froid . Il passa , d'un geste inquiet , la main sur

son menton accrocheur . Si tania était là , un seul de ses regards glacials suffirait à le démonter . Elle était

partie un peu aussi à cause de son aspect broque , toujours mal rasé , toujours mal habillé . Elle n'avait rien

compris . Gino se répétait çà les soirs de solitude , les soirs vodka - orange qui accouchaient de petits

matins désespèrés . Oui , elle n'avair rien compris car au - delà des trous qui aéraient ses chaussettes , se

cachait une âme forte malheureusement noyée dans un peu trop de bière . Gino était un de ses aventuriers

modernes et inconnus que vous croisez tous les jours et que vous ignorez avec une pointe de mépris . Mais

sachez que Gino s'en fout . Il n'y a qu'à le voir derrière sa mèche humide , ses carreaux éculés pour

comprendre . Gino est le plus fort . il suffit de l'entendre les soirs d'été , cerné de moustiques et de belles

femmes pour ne plus jamais chercher à le pièger . Un fou , diront les uns , un génie , diront les autres . Peu

importe Gino , laisse courir , le temps du rock reviendra , chemises satinées et cocas glacés te rappelleront

que tu as été . Tout celà fait un peu cinéma : Léone tournant Blueberry . Un vieux rêve et puis la télé est

là pour tout assoupir .

Deux phares blancs apparurent au carrefour : assise à l'arrière , juste derrière le chauffeur , apparut comme

un mirage aux yeux pourtant blasés de Gino . Elle !!! tu déconnes , Gino , t'as trop bu .

Le rêve se fondit dans la nuit et Gino se réveilla , suant d'angoisse , vibrant d'espoir . Non , nous étions

bien le lundi 20 Avril 1980 et Tania n'était plus là depuis longtemps . Gino posa le pied sur la moquette

grenat . Le sol se déroba sous lui .

Gino , rêvant qu'il rêvait , avait heurté une pierre lors de son ultime déplacement en replay et se retrouva le

nez dans une flaque d'eau , semelles de baskets collées au portail . Pas un seul hidalgo à l'horizon , Gino , le

menton dans la boue , s'en assura furtivement d'un coup d'oeil qu'il voulut circulaire . Assez pour ce soir ! Il

faut rentrer , se coucher , oublier . Il se mit à courir . Gino courait fort mal et s'essouflait vite . Les papiers

maïs haletaient dans ses poumons voilés . Gino avait de l'amour - propre et envie de dormir . Il repena à

Tania , à ses longues jambes et à ses petits seins pointus . Ses baskets avalaient le macadam . Vitesse du

vent inférieure à 2 mètres / seconde , performance homologable . Au fil des numéros , Gino reprenait espoir

les Arts et Métiers n'étaient pas loin . 27 , 29 , le 31 surgit au bout du mur . Une toute petite porte . Il pous

sa comme un fou , la clef dans la poche arrière de son lévi-Strauss . L'erreur était profondément humaine

mais le choc fut brutal . Pour la seconde fois de la soirée , Gino se retrouva les baskets à la verticale . Ju -

- rant comme un malpropre sur les antécédents familiaux des rares passants , il eut comme une vision , un

de ces mirages luxuriants dont on ne se souvient jamais et s'effondra .

Une ronde de police le ramassa par hasard deux heures plus tard . Il se réveilla , misérable , aux côtés d'une

pute démaquillée et d'un clochard exhalté . Le treillis de la cage jouait du flou artistique . Qu'importe ! Gino

repartit illico dans les bras de Morphée . Il ne lui parut même pas utile de téléphoner à son avocat : il n'en

avait pas .

Le soir tomba à nouveau sur la cité complice . Gino fut traîné comme une vieille godasse jusqu'au seuil déla-

-bré du commissariat . Il tenta vainement d'interpeller un taxi . Un visage de marbre poursuivit sns un rictus

son trajet de retour . Gino , péniblement , reprit son équilibre le long du mur chancreux . Il était maintenant

très loin de chez lui . Plus de tramway et pas de taxi : il ne lui restait plus que ses frêles jambes flageolantes

pour retrouver son oasis . Gino serra les dents , retint sa nausée et suivit , de ses yeux embués , les nuages

des réverbères . L'esprit vide et le ventre creux , il ne pensait à rien . Comment parvint - il chez lui ? Il ne

s'en souvient plus .

Il se jeta tout habillé sur le matelas tâché . Un nuage gris l'enveloppa dans sa nuit cafardeuse .

Il devait faire jour depuis longtemps lorsque Gino sentit le filtre de ses yeux distiller la lueur blafarde de ce

troisième dimanche de Janvier . Il ne trouva rien à se dire et alluma sa première cigarette . A l'étage en

dessous , la petite joua une vieille rengaine sur son piano désaccordé . Gino , un instant , rechercha les

paroles de cet air de son enfance puis en inventa de nouvelles qu'il voulut drôles . Il lui fallait maintenant se

lever . Que faire un dimanche matin ? Et puis , il se rappela l'aventure de la veille et celle du vendredi . Où

était Tania à l'heure qu'il était ?

A des milliers de kilomètres de là , une femme se penchait sur un berceau en pleurant . L'enfant , lui ,

souriait à son avenir qui , pourtant , ne devait lui apporter que déboires et petits bonheurs à crédit .

Le ciel était gris . Gino tira cependant les rideaux . Peu de passants , l'angoisse suait du mur d'en face , le

pavé luisait encore , une peau de banane errait le long d'une rigole . Gino décida d'être heureux au moins

jusqu'à midi .

Il enfila son pardessus sur son pyjama rayé et descendit chercher le journal . Un dimanche commençait , un

dimanche était déjà presque fini . Dans l'escalier , il doubla , non sans coulisser un regard égrillard , une

blonde vaporeuse aux traits tirés par une nuit que Gino rêva lubrique . Ses vieux fantasmes ressurgissaient

du tréfonds de ses obsessions . Parfois , Tania aimait ce côté dépravé , souvent elle fustigeait ses

feulements de chien en rut . Gino ne disait rien . La blonde dégageait un parfum sensuel . Gino accéléra la

descente et essaya de penser à autre chose . Il aimait marcher et se raconter des histoires , de vieux

souvenirs . Ses pas , dans ces moments - là , le conduisaient à l'avenant dans des rues qui étaient ses

amies , peuplées de façades complices . Les vieilles pierres étaient discrètes , attentives . Parfois , Gino les

prenait à témoin , gesticulait , et finissait par se donner raison . Il se raconta une vieille histoire qui

commençait à dater . Les souvenirs s'embuent et prennent une teinte bleutée , gommant la médiocrité et

sublimant l'ordinaire . C'était , il y a longtemps , Gino était heureux , il était seul au milieu de tous , la

guitare surgissait , la brise était légère , le petit ruisseau chantait . Je me souviens de ces visages

d'enfants qui dormaient et qui me racontaient leurs joies et leurs misères . Gino divaguait . Il se retrouva

sur la place du marché . Elle en avait presque des airs de Provence . Gino restait un nostalgique . Son pays

lui manquait . Son coeur était là - bas . Mais la vie avait de ces détours que Gino ne cherchait même plus à

réfuter . Nous sommes tous des apatrides et Tania qui espèrait trouver ailleurs ce qu'elle n'avait pu trouver

en elle - même , était maintenant partie , laissant Gino plus seul que jamais et très loin de ses amarres .

Les commerçants ne sont plus ce qu'ils étaient , pensa furtivement Gino . Piocher les idées le fatiguait . Les

discours flamboyants s'éteignaient d'eux - mêmes au fil des pas et des jours . L'envie était passée . Un

dimanche est un dimanche , tout le monde sait çà depuis Camus et rien n'y changera rien . Gino shoota

dans une boîte vide . Il rata le but pourtant facile . Il se souvint .....

1 juillet 2009

CHAPITRE 2

Il faisait chaud en cette soirée de Mai . Chaud devant et chaud dedans . Un reflet tournant sur le casque

en plexiglas d'un CRS éblouit un court instant les yeux fous de Gino . Enfin , il y était ! Plus d'impressions ,

plus de discours , l'action , le pavé et la fuite éperdue . Nos vieux ont connu la Résistance et nous sommes

en Mai . A chacun sa guerre ! Gino ne se souvenait même plus du pourquoi ni du comment mais il était là ,

Boulevard Trucmuche avec quelques anonymes prêts à un casse-pipe sans gloire . La barricade ridicule qui

ne les isolait guère des forces de police était déserte . Gino et ses camarades étaient épuisés . Ils

décidèrent sans un mot de décrocher . Ils n'étaient plus qu'une dizaine , hagards et cotonneux .

A peine entamée sa première foulée en extension , Gino eut l'oreille , un instant , choquée par un bruit

insolite dans un brouhaha pourtant incessant . Il tourna la tête . Le front de Péri s'élargissait de rouge

sombre . Des volets claquèrent . Gino , d'un revers instantané , repéra la fenêtre assassine . Mais Péri s'ef-

-fondrait misérablement sur le pavé fangeux . Les CRS n'étaient plus qu'à dix mètres . Gino nota mentale -

- ment et irrémédiablement le numéro de l'immeuble et disparut , talonné par la peur et la soif de vengeance.

insi mourut Péri , frère de quelques jours , de quelques soirs , de Gino le solitaire . Ainsi mourut Péri dans la

fleur de ses vingt printemps .

Des cendres dans la bouche , Gino jura de le venger . Mais , pour l'instant , il s'agissait de fuir . Le

crépuscule des Dieux s'achevait . Plusieurs décennies s'écouleraient avant ue ne renaisse l'espoir . Seule

resterait, quelques jours encore , une tâche de sang pas plus large qu'un mouchoir d'adieu sur un boulevard

où la circulation était redevenue normale .

La vie reprit , la vie lente et asphyxiante . Gino sombra quelques semaines dans une léthargie totale . Seuls,

ses besoins urinaires et alimentaires scandaient ses jours et ses nuits .

Et puis , le 14 Juillet arriva . Les flonflons du bal musette le douchèrent dans sa fuite éperdue et absurde .

Péri n'était pas mort vraiment . Il fallait faire revivre ses cheveux d'adolescent mal sevré qui fuyaient dans

le vent . Ou tout au moins savoir pourquoi , comment  . Gino se leva d'un seul bond et fit un vrai repas .

Sur le boulevard , il fendit la foule à contre-courant . Les gens avaient l'air de s'amuser , comme toujours .

Certains étaient déjà finement beurrés . Gino détourna la tête . La France est décidément un peuple de

cons . En un quart d'heure , il se retrouva sur les lieux . La maison était toujours là , volets fermés . Il

monta , cherchant d'instinct l'étage correspondant . Il frappa . Sur la porte , un seul prénom : Tania . Il

attendit un long moment puis des pas traînants entamèrent leur court cheminement vers le destin . La

porte s'ouvrit .....

On ne peut pas dire qu'elle était vraiment belle , plutôt négligée même . Mais Gino nota la couleur de ses

yeux , d'un vert troublant , d'autant plus qu'elle était brune . Elle était nue sous son peignoir . Gino s'en

persuada . Elle le regarda , droit dans les yeux , et referma son décolleté dans un vieux relent de pudeur

simulée . Il est vrai que Gino , dans ces cas - là , n'était guère discret . Il fallait dire quelque chose , effa-

-cer d'un revers de coude cette intrusion , ce viol d'intimité . Mais Gino avait une pointe de feu dans le

coeur . Lui , le soixante - huitard déjà ancien combattant , se retrouvait comme un enfant bégayant de -

- vant une inconnue . Il bredouilla une banalité , la fille sourit poliment et , attendrie par tant d'incompé -

- tence , l'invita à entrer . Le papier n'était pas bien posé mais qu'importe ! L'intérieur était quelconque mais

Gino n'y prêta qu'un intérêt documentaire . Tania , car c'était elle , telle qu'elle était annoncée sur le palier,

et telle qu'elle sera tout au long de ce fantasme , Tania , donc , le conduisit , sans un mot , dans un genre

de salon et le pria de s'asseoir sur un canapé des plus vétustes .

Un paquet de gauloises traînait sur la table de bambou . Tania l'agrippa d'un geste séculaire . Elle n'était

pas si moche que çà , cette fille - là . En se penchant , elle dévoila ses seins , de petits seins qui émurent

pourtant Gino . Arriver comme çà et dix minutes après voir ses seins . Gino chercha dans les poches de son

blouson un briquet quelconque qui lui permettrait de dénouer l'émotion qui le serrait de si près . Et comme

d'habitude , il attaqua . Fuite en avant , suicide évolué , évalué . Il lui parla des autres et , à travers les

autres , de lui . Tania l'écouta , une petite flamme au fond des yeux . Il fallait y croire . Adieu Péri , adieu

vengeance ! Seul , le regard de Tania posé sur les lèvres de Gino ! 'était comme au cinéma : " T'as d'beaux

yeux , tu sais ! " La suite se passa très vite . Une main qui en accroche une autre , Gino qui , pour s'être

levé trop précipitament renverse le cendrier , Tania qui éclate d'un rire libérateur et enfin le mélo tradition-

-nel du baiser éternel . A bout de souffle et peu versés dans l'original , Gino et Tania s'allongèrent sur le di-

-van et puis ..... C'est ainsi que Gino Cappuccino , fils d'un charpentier émigré et d'une mama sans profes -

- sion , scella son destin , celui qui allait le mener vers de tumultueuses aventures et faire de lui ce qu'il est

devenu , mais tout celà est une autre histoire . Autre histoire ..... autre histoire !!!! En fait , le coeur de

l'histoire .

Trois jours plus tard , les cernes sous les yeux de Tania et les griffes lacérées dans le dos de Gino accou -

- chèrent d'un amour que ce dernier misa comme éternel . Seul Dieu , si Dieu existe , peut percer le coeur

des femmes mais la perfidie mise dans l'enthousiasme de Tania fut une des grandes désillusions de la vie de

Gino et expliquera pour le lecteur non averti son cynisme avenir . Des grands chagrins naissent les grands

hommes ou les misérables . Le psychologue viennois pouvait aller se rhabiller . Gino et Tania se soulaient de

caresses , de morsures , puis de caresses encore . Le temps s'était arrêté . La faim n'était plus que fringale

et le même paquet de cigarettes traînait toujours sur la table oubliée . il fallut bien cependant revivre au

présent , parler un peu du quotidien et surtout du passé . Tania se montra discrète . Gino ne parla pas des

raisons qui l'avaient jeté dans ses bras . Alors , ils s'inventèrent des souvenirs où rien n'était aussi beau

qu'aujourd'hui , où l'on se demandait même comment on avait pu faire pour exister .

Quand j'y repense , je me dis que rien n'est vrai dans tout çà , que je n'ai jamais fait l'amour avec elle et

que nous n'avons fait que frôler nos deux solitudes . Mais qu'importe ! Gino était là dans mon rêve éveillé

et , peut - être , me ressemblait - il un peu !

Le soir où je l'ai connu , où j'ai cru l'aimer et la garder , un seul baiser maladroit a suffi pour faire battre mon

tee - shirt . Le hard , aujourd'hui , règne sur le hangar désaffecté de mon coeur .

Commprenne qui pourra ? Un train s'arrêtait en gare , loin de là ! Une femme , bas résilles , petite voilette

noire et lèvres agressives , achevait de ses talons aiguilles rouges la dernière marche du premier wagon .

J'ai oublié le désert de ses yeux mais pas le mouvement de sa jupe échancrée .....

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